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Comment investir en marché baissier (sans y laisser sa chemise)

Mis à jour 22 septembre 2025

Investir en bourse, c’est un peu comme partir en rando dans les Rocheuses avec un steak attaché à son sac à dos : à un moment donné, un ours va débarquer. Pourquoi? Parce qu’en bourse, la prise de risque est récompensée. Plus un placement est risqué, plus le rendement potentiel est élevé. Mais tôt ou tard, on finit par perdre de l’argent – souvent bien plus que papy qui ne jure que par les CPG. Cela dit, comme un sentier en territoire de grizzlys, un marché à la baisse ne signifie pas forcément la fin (financière). Avec les bons réflexes et les précautions adéquates, on peut s’en sortir sans trop d’égratignures.

Un marché baissier, c’est quand la bourse et d’autres types d’investissements chutent fortement (20 % ou plus) et pour une période prolongée, et, oui, ça peut faire mal au portefeuille. Ces baisses sont souvent liées à une récession, durant laquelle les taux d’intérêt diminuent et le prix des obligations augmente – tout comme le risque de perdre son emploi. Bref, rien de très plaisant.

Rien de très plaisant, mais en même temps, rien de surprenant non plus. Les marchés baissiers font partie du cycle boursier, et ces périodes sont normales, attendues et inévitables. Le phénomène est bien documenté et reflète les tendances historiques des actions, des profits des entreprises et de l’économie en général. En gros, ça monte pendant quelques années (les marchés haussiers où on investit avec plaisir), on atteint un sommet, puis tout redescend (les marchés baissiers où c’est tout le contraire). Et puis on recommence. 

Phases du cycle boursier

Le modèle est prévisible : les cours des actions grimpent nettement lorsque les personnes qui investissent revoient à la hausse leurs attentes de profits après une période de pessimisme. Ces cours se stabilisent avec la concrétisation des profits, puis augmentent excessivement à mesure que l’optimisme prend le dessus.

  • Évolution des attentes des investisseurs en matière de profits

  • Évolution réelle des profits

  • Réaction du cours des actions

  • Rendement

  • Pessimisme

  • Espoir

  • Croissance

  • Optimisme

Red = Augmentation du cours/bénéfice. Tan = Croissance du BPA. Blue = Rendement du cours des actions

Voici les phases d’un cycle boursier, définies par Peter Oppenheimer dans son livre The Long Good Buy.

Pessimisme : Les marchés boursiers chutent soudainement. Un événement négatif survient – hausse du chômage, résultats d’entreprises décevants, guerre. L’inquiétude gagne les personnes qui investissent. L’économie reste stable, mais l’ambiance morose entraîne une vague de ventes.

Espoir : Les marchés sont au plus bas, tout comme les bénéfices et le moral – ce qui n’empêche pas certaines personnes d’acheter en misant sur une reprise prochaine. Dès que les cours remontent un peu, d’autres suivent le mouvement, accélérant ainsi la hausse.

Croissance : Les entreprises commencent enfin à enregistrer de bons résultats. Comme les attentes sont basses après une période difficile, il suffit de résultats corrects pour rassurer les gens. Les bénéfices et les valorisations remontent donc progressivement.

Optimisme : L’économie est en plein essor, avec des valorisations des sociétés élevées. Les attentes sont maintenant très hautes, au point où il devient difficile pour ces sociétés de les surpasser. Lorsqu’un obstacle survient et que les résultats ne sont pas à la hauteur, les investisseurs paniquent. Et le cycle recommence.

À quelle fréquence surviennent les marchés baissiers?

De 1973 à 2022, le TSX a traversé quinze marchés baissiers, tandis que le S&P en a connu sept. On ne sait quand ça se produira ni combien de temps ça durera. En général, un marché baissier arrive environ tous les dix ans. Certains ont duré seulement 33 jours (comme le krach de la COVID en 2020), tandis que d’autres ont perduré pendant près de deux ans (comme la crise pétrolière de 1973). Il est donc essentiel de se préparer à l’avance.

Que faire pendant un marché baissier?

Prenez de grandes respirations. Arrosez vos plantes. Évitez les vidéos de gens en sueur qui vous hurlent de vendre. Et surtout, ne vous torturez pas en vérifiant votre portefeuille à tout bout de champ.

C’est plate, mais c’est la meilleure solution : tenez-vous-en au plan. (Vous avez ça, un plan d’investissement, n’est-ce pas? Sinon, nous verrons comment faire un peu plus loin.) En fait, on devrait généralement investir dans un marché baissier comme on le fait dans un marché haussier. Si vous n’avez pas besoin d’accéder à vos fonds pour les dix prochaines années, les hauts et les bas ne sont que des bruits de fond. Le mieux, c’est souvent de les ignorer.

Regardez ce graphique des marchés au cours des 55 dernières années. Même si les chutes ont dû être épeurantes sur le coup, elles n’étaient, à long terme, que des détours temporaires. La patience et la discipline ont toujours rapporté sur la durée.

Rester fidèle à son plan aide à éviter les décisions émotives. Ça permet aussi de profiter de la stratégie d’investissement des achats périodiques par sommes fixes ou dollar-cost averaging (DCA) (en anglais seulement). Investir des montants fixes à intervalles réguliers, quel que soit le prix de l’actif, ça permet d’éviter de chercher le moment parfait pour investir et donc, de bénéficier du principal avantage d’un marché baissier : tout semble être en rabais.

D’autres bons réflexes à adopter :

  1. Ne paniquez pas. Vendre en plein marché baissier, c’est transformer vos pertes en réalité. La seule bonne raison de le faire, c’est si vous risquez de manquer un objectif financier important (comme l’achat d’une maison) et que vous ne pouvez pas attendre la reprise – une situation rare. Nous y reviendrons plus loin, mais si vous prévoyez un tel achat à court terme, votre portefeuille devrait être un peu plus prudent dans son niveau de risque.

  2. Ne cherchez pas à deviner quand arrivera le creux. Essayer de vendre avant la chute et racheter juste au bon moment est un pari perdu d’avance. La plupart des gens attendent trop longtemps et ratent les plus grosses hausses. Depuis 1973, le S&P 500 a rebondi en moyenne de 80 % après un marché baissier. Mieux vaut rester investi pour ne pas manquer ça.

  3. Réévaluez votre tolérance au risque. Beaucoup surestiment leur capacité à encaisser les pertes, jusqu’à ce qu’un marché baissier les confronte à la réalité. Si vous angoissez à voir votre portefeuille chuter, résistez à l’envie de tout vendre. Réfléchissez plutôt à votre niveau de risque et réduisez la part d’actions de votre portefeuille à un niveau qui ne vous donnera pas de sueurs froides, mais ne sortez pas du marché. Pour compenser, envisagez des placements plus stables comme les obligations d’État ou l’or, qui résistent généralement assez bien aux marchés baissiers.

Comment se préparer aux marchés baissiers?

La meilleure façon de traverser un marché baissier, c’est d’avoir un plan d’investissement bien avant que ça commence à se gâter. Pour ça, il faut savoir pourquoi et pour quand vous épargnez (des objectifs précis, comme la retraite, une maison ou une nuit dans cet hôtel de luxe), et évaluer votre tolérance aux pertes en cours de route. Si vous hésitez sur votre niveau de risque, voici quelques pistes pour y voir plus clair.

Par exemple, si vous êtes à 40 ans de la retraite avec un portefeuille composé de 90 % d’actions, attendez-vous à des baisses stressantes – ça fait partie du jeu. Vous devez avoir la détermination de maintenir vos investissements, sachant que vous aurez encore assez d’argent pour ce qui compte à long terme. En revanche, si vous avez besoin d’un gros montant pour votre mariage dans un an et demi, un portefeuille composé uniquement d’actions risquant de perdre 30 à 50 %, ce n’est probablement pas la meilleure option (à moins d’envisager un mariage plus intime).

Vous voyez la logique qui se dessine? Bien joué. Ce sont vos objectifs qui doivent guider votre stratégie d’investissement, pas les conditions actuelles du marché. Ces objectifs définissent votre tolérance au risque, qui détermine la répartition de votre portefeuille. Par exemple, si vous planifiez votre mariage, vous préférerez peut-être un compte d’épargne à intérêt élevé et sans risque. Et si vous êtes encore à des décennies de la retraite, vous pouvez vous permettre une part plus élevée d’actions, sachant que vous aurez le temps de vous remettre des baisses éventuelles et de maximiser vos gains.

Comment différents portefeuilles réagissent-ils en marché baissier?

Pardonnez-nous le cliché, mais ici, il s’applique bien : les rendements passés ne garantissent pas les rendements futurs. Mais oui, ça donne une bonne idée de ce qui pourrait arriver. Regardons comment un portefeuille composé de 80 % d’actions et 20 % d’obligations s’en est tiré lors de cinq grands marchés baissiers, comparé à un portefeuille plus équilibré (60/40). Le premier a subi des baisses plus marquées, mais il partait souvent de plus haut et rebondissait plus vite. Encore une fois, tout est une question de temps et de tolérance au risque.

Que faire si un marché baissier vous prend de court?

Si un marché baissier vous prend par surprise, pas de panique. Limitez les dégâts et profitez-en pour revoir vos objectifs et ajuster votre stratégie d’investissement. Établissez un plan clair et tenez-vous-y. Cela vous aidera à maximiser les périodes de hausse et à gérer les prochains replis.

Cela dit, vous n’êtes pas sans recours. Si vous avez perdu 20 % ou plus depuis le début de la baisse, vous pourriez mettre en place une stratégie appelée réalisation de pertes fiscales (en anglais seulement) ou vente à perte à des fins fiscales. L’idée est d’utiliser vos pertes pour réduire votre revenu imposable, tout en réinvestissant dans des placements similaires afin de rester dans le marché et de profiter du rebond quand il arrivera.

Concrètement, la réalisation de pertes fiscales consiste à vendre une action qui vous fait perdre de l’argent pour en acheter une très similaire dans le même secteur. Par exemple, disons que vous aviez investi une bonne somme dans un fonds indiciel du marché américain qui a beaucoup chuté. Vous pourriez le vendre et acheter un titre équivalent dans un autre fonds indiciel du marché américain. Votre exposition au marché américain resterait alors à peu près la même, mais vous pourriez déduire vos pertes de vos gains en capital. (Et si vous n’aviez pas fait de gains en capital récemment – on parle quand même d’un marché baissier – vous pourriez utiliser ces pertes pour réduire vos gains imposables à l’avenir.)

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