Vous avez toujours voulu comprendre le marché boursier? Ça tombe bien : on vous explique tout pour devenir le Gandalf de la bourse.
Qu’est-ce qu’une action?
Quel est l’élément essentiel au fonctionnement d’un marché boursier? Les actions, bien sûr! Alors avant de plonger dans l’univers palpitant du marché boursier, définissons d’abord les bases.
Concrètement, qu’est-ce qu’une action? Une action représente une part de propriété dans une entreprise. Les personnes qui en détiennent ont droit à une fraction des actifs et des bénéfices de cette entreprise. La taille de cette fraction dépend du nombre d’actions que vous possédez par rapport au nombre total d’actions en circulation (pour employer le jargon financier). Par exemple, une personne qui détient 100 actions d’une entreprise comptant 5 millions d’actions en circulation possède 0,00002 % de l’entreprise. (Pas encore un magnat, mais pas loin.)
Une entreprise émet des actions pour réunir des fonds, pour toutes sortes de raisons d’affaires, la plus fréquente étant de financer une expansion qu’elle ne pourrait pas autrement se permettre. Cette première émission, appelée PAPE (premier appel public à l’épargne), appartient au marché primaire.
Une fois ces actions vendues pour la première fois, les actionnaires doivent pouvoir les revendre quelque part (un peu comme un marché d’occasion pour actions). C’est là qu’entre en jeu le marché secondaire, autrement dit : la bourse.
La grande majorité des actions est cotée sur l’une des quelque soixante places boursières dans le monde. Seize d’entre elles forment le prestigieux « club des 1 000 milliards $ », car la valeur totale de leurs titres dépasse le billion de dollars américains. Les titres qui s’y négocient représentent à eux seuls 87 % de la capitalisation boursière mondiale. Et parmi ces géants, la New York Stock Exchange règne en maître : avec ses 18 486 titres inscrits, il pèse près de 30 billions $ US à lui seul. (La pauvre petite Malta Stock Exchange, qui ne compte que quatre titres, restera sans doute éternellement le nez collé à la vitrine du club des 1 000 milliards $.) Voici les dix plus grandes bourses du monde :
Bourse | Pays | Capitalisation boursière (USD) |
|---|---|---|
| New York Stock Exchange (NYSE) | États-Unis | 25,53 billions $ |
| NASDAQ | États-Unis | 11,23 billions $ |
| Tokyo Stock Exchange (TSE), aussi appelée Japan Exchange Group | Japon | 5,1 billions $ |
| Shanghai Stock Exchange (SSE) | Chine | 4,67 billions $ |
| Hong Kong Stock Exchange (SEHK) | Chine | 4,23 billions $ |
| Euronext | Pays-Bas | 3,67 billions $ |
| Shenzhen Stock Exchange (SZSE) | Chine | 3,28 billions $ |
| London Stock Exchange (LSE) | Royaume-Uni | 3,2 billions $ |
| TMX Group, qui regroupe la Bourse de Toronto (TSX) et la Bourse de Montréal | Canada | 1,75 billion $ |
| Bombay Stock Exchange (BSE) | IndE | 1,51 billion $ |
Même si une action est inscrite à une seule bourse, il est tout à fait possible de l’acheter sur d’autres marchés boursiers. Les certificats de dépôt sont un procédé ingénieux utilisé par les banques pour faire coter une action sur une autre place que celle de son pays d’origine. C’est ce qui permet, par exemple, à une passionnée de Honda Accord de Cleveland (oui, ce club existe vraiment) d’acheter des actions de Honda Motor Company (symbole : HMC) sur la NYSE, grâce à un certificat américain de dépôt – même si le titre est coté et principalement négocié à la Bourse de Tokyo.
Qu’est-ce que la bourse?
La bourse fonctionne à peu près comme elle l’a toujours fait, même si elle semble aujourd’hui bien différente de celle d’il y a 50 ans. Avec l’automatisation des échanges, qui représente aujourd’hui la grande majorité des transactions, des marchés comme la New York Stock Exchange – autrefois une véritable mêlée de courtiers en veston bleu criant et gesticulant – sont devenus autrement plus tranquilles. Les bourses « actives », oùles transactions s’effectuent physiquement, disparaissent peu à peu (comme les ciné-parcs et les clubs vidéo - écrivez-nous pour joindre le Club des nostalgiques de Wealthsimple) (article en anglais). Les marchés continuent d’exister en ligne, mais les bourses physiques de Londres, Hong Kong, Tokyo et Singapour elles, ont fermé leurs portes depuis longtemps.
Les gens ordinaires ne peuvent pas simplement se pointer à la NYSE pour acheter une ou deux actions d’Apple. Il faut passer par un intermédiaire autorisé – un courtier agréé – pour acheter des actions. En toute vraisemblance, ce courtier n’est pas un être en chair et en os prénommé Marc-Antoine qui vit à Saint-Hubert avec sa petite famille, mais plutôt une institution électronique comme Wealthsimple. Quelques courtiers exercent encore sur le parquet de la NYSE : ils achètent leurs actions auprès des Designated Market Makers (DMM), responsables de veiller au bon déroulement des échanges pour une liste donnée de sociétés cotées.
Qui décide du prix d’une action?
Comme tout marché libre, la bourse obéit aux lois de l’offre et de la demande. L’offre correspond à la quantité d’un titre disponible et la demande, au nombre d’investisseur·euses qui souhaitent l’acheter. Quand la demande dépasse l’offre, les prix montent; quand l’offre excède la demande, ils baissent.
Plusieurs facteurs influencent le prix d’une action, notamment :
La croissance des revenus
L’historique du cours de l’action
Le bénéfice par action
Le ratio cours/bénéfice
Les dividendes
Comment choisir ses actions?
Choisir des actions en se basant simplement sur leur prix, leur croissance des revenus ou leur cours passé n’a rien d’évident. On pourrait croire qu’il suffit de repérer les aubaines sous-évaluées, un peu comme tomber sur un complet à 1 000 $ soldé à 200 $, mais la bourse ne fonctionne pas comme ça. Comme le veut la loi de l’offre et de la demande, le marché a déjà fait tout le travail : toute l’information connue est déjà intégrée dans le prix d’une action. Autrement dit, à moins d’obtenir des renseignements privilégiés de la part d’un employé de l’entreprise – une pratique appelée délit d’initié, passible d’amendes salées et de quelques apparitions peu glorieuses dans les manchettes –, sachez qu’en bourse, la valeur d’un titre correspond généralement à son prix.
Toute transaction boursière suppose deux parties : un·e acheteur·euse et un·e vendeur·euse. Au moment de l’échange, les vendeurs essaient d’obtenir le meilleur prix possible, tandis que les acheteurs espèrent mettre la main dessus à bon prix. Les premiers fixent le prix plancher auquel ils sont prêts à céder leurs actions, et les seconds, le prix plafond qu’ils sont disposés à payer. L’écart entre ces deux montants s’appelle l’écart acheteur-vendeur (ou bid-ask spread). Plus cet écart est faible – autrement dit, plus il se rapproche de zéro –, plus le titre se négocie : c’est ce qu’on appelle sa liquidité. Le volume d’actions correspond, lui, au nombre d’actions d’une même société négocié au cours d’une journée.
Si vous êtes l’acheteur, êtes-vous vraiment sûr d’être plus malin que la personne qui vend? Voilà le cœur du problème : ce petit paradoxe philosophique qui rend l’achat d’actions si complexe, et explique pourquoi la plupart des pros (très généreusement) payés pour sélectionner des actions, n’arrivent pas à battre le marché.
Vous, qui souhaitez acheter une action, avez sans aucun doute un esprit affûté (et un charme indéniable, osons le dire). Mais pour acheter une action, encore faut-il quelqu’un pour vous la vendre. Et cette personne est peut-être, elle aussi, très futée – avec exactement les mêmes informations que vous (ou plus, si elle enfreint la loi et s’aventure du côté du délit d’initié). Elle a jugé que le titre valait la peine d’être vendu à, disons, 10 $ l’action, persuadée que son cours allait baisser. Vous, de votre côté, êtes convaincu·e qu’il va monter. Alors, qui a raison? Et à quel point êtes-vous sûr·e d’avoir mieux interprété toutes les données disponibles que les autres? Qu’est-ce qui fait de vous l’exception?
Pourquoi investir en bourse?
Selon la source, les chiffres varient un peu, mais, au bout du compte, toutes racontent la même histoire : à long terme, la bourse a offert de très bons rendements.
L’un des principaux avantages de la bourse, c’est son potentiel de rendement à long terme. En investissant sur une longue période, il est possible de faire fructifier son argent bien davantage qu’avec des placements jugés plus sûrs, comme les obligations gouvernementales à revenu fixe. Un calculateur d’intérêts composés montre qu’un placement unique de 100 000 $, laissé tranquille pendant 30 ans à un taux de rendement de 9,5 %, vaudrait environ 1,7 million de dollars. Cela dit, un avertissement s’impose : les placements comportent toujours une part de risque. Les rendements passés ne garantissent jamais ceux de l’avenir; ils ne sont qu’un indicateur imparfait. Et si la bourse peut faire gagner beaucoup d’argent, elle peut aussi en faire perdre beaucoup (c’est la partie moins sympa). Comme le dit Mark Sette, planificateur financier agréé chez Wealthsimple, investir, c’est aussi une façon de ne pas laisser l’inflation grignoter la valeur de son argent. Un montant de 100 000 $ cachés sous le matelas (ou conservés en liquide dans un compte sans intérêt) au cours des dix dernières années aurait aujourd’hui un pouvoir d’achat équivalant à environ 70 000 $. Donc, même si les rendements passés ne prédisent rien avec certitude, investir sur les marchés aide à limiter ce risque et à préserver la valeur de son argent dans le temps.
Nous venons de parler de tout ce qui rend la sélection de titres difficile – et risquée. Il est tout à fait possible de perdre sa chemise, et même ses chaussettes, en misant sur une action qui s’effondre. Mais c’est justement ce risque qui explique pourquoi les actions rapportent beaucoup plus que les placements dits « sûrs », comme les obligations d’État. C’est ce qu’on appelle la prime de risque sur actions : le rendement en plus que vous pouvez espérer obtenir par rapport au taux sans risque, comme le rendement d’une obligation gouvernementale. Sur le long terme, prendre des risques peut rapporter. C’est ce qui rend les actions attrayantes et, surtout, viables. Si elles n’étaient pas censées faire mieux que le taux sans risque, personne ne s’y intéresserait, et leurs cours s’effondreraient. C’est pourquoi l’une des grandes responsabilités d’un·e chef d’entreprise est de faire en sorte que les investisseur·euses obtiennent un rendement supérieur à ce qu’ils obtiendraient avec un placement sûr, comme une obligation.
Si vous voulez profiter de la croissance des marchés boursiers sans risquer de tout perdre sur une action qui s’effondre, il existe une solution simple : la diversification. C’est ce qu’a démontré Harry Markowitz, économiste et lauréat du prix Nobel, à l’origine de la théorie moderne du portefeuille. Selon lui, mieux vaut détenir des parts dans des dizaines, voire des centaines, de sociétés différentes, plutôt que de concentrer ses avoirs dans une ou deux actions. Et ce n’est pas un hasard si la diversification est considérée comme l’une des stratégies les plus avisées qui soient. En répartissant vos placements, vous profitez du rendement global des marchés tout en vous protégeant contre les chutes soudaines d’une action ou d’un secteur.
Comment investir en bourse?
Il existe plusieurs façons d’investir en bourse : sur une plateforme de courtage en ligne, avec un.e courtier.ère, un·e conseiller.ère financier.ère ou un robot-conseiller.
Les différentes façons de s’y prendre
Investir en bourse, c’est acheter et vendre des actions (ou « négocier »). Vous aimez garder le contrôle? Ouvrez un compte de courtage et gérez tout vous-même. Vous préférez que tout roule sans y penser? Laissez un robot-conseiller – ou un.e pro — s’occuper de vos placements à votre place.
Acheter des actions en ligne
La façon la plus simple et la moins coûteuse d’acheter des actions est de passer par une plateforme de courtage en ligne à commissions réduites. Un compte s’ouvre en une dizaine de minutes : il suffit de fournir votre numéro d’assurance sociale, votre adresse de résidence et celle de votre employeur (pas de panique, travailleur·euse·s autonomes : votre bureau peut très bien se trouver à trois mètres de votre lit). Les maisons de courtage à commissions réduites facturent habituellement des frais à chaque transaction (actions, fonds communs ou FNB), généralement entre 5 $ et 10 $. De plus en plus de plateformes offrent désormais la négociation sans commission, ce qui signifie que chaque dollar investi va directement dans vos actions, et non dans les coffres du courtier.
Faire appel à un.e conseiller.ère financier.ère
Si vous avez un.e conseiller.ère financier.ère, vous pouvez simplement lui confier la gestion de vos placements. Certain.es travaillent à honoraires seulement, c’est-à-dire qu’ils facturent soit un montant fixe, soit un faible pourcentage de la valeur de votre portefeuille chaque année. Si vous n’en avez pas, ce n’est sans doute pas la peine d’en engager un.e uniquement pour effectuer une transaction ponctuelle. Leur rôle consiste avant tout à concevoir une stratégie financière d’ensemble et à vous aider à atteindre vos objectifs à long terme. Leurs services sont particulièrement utiles pour les personnes dont le patrimoine est important ou la situation fiscale, plus complexe.
L’option du robot-conseiller
En général, les services de placement automatisés créent pour leur clientèle un portefeuille diversifié de FNB, plutôt que d’actions individuelles, en fonction de leurs objectifs financiers. (Après tout, nous sommes de l’école d’Harry Markowitz.) Les robots-conseillers ont l’avantage d’offrir des frais peu élevés et un portefeuille bien diversifié, généralement composé d’actions, d’obligations et de placements immobiliers.
Les robots-conseillers cherchent généralement à reproduire le rendement du marché, plutôt qu’à le battre. Un principe cher à Warren Buffett, qui a d’ailleurs recommandé la même approche à ses enfants. Tout se fait en ligne, et vous pouvez commencer à investir en quelques minutes.


