Si vous avez la chance de travailler pour un employeur qui contribue à votre retraite, autant savoir comment fonctionne un régime de pension agréé. Ce n’est pas qu’un simple compte d’épargne : c’est un outil d’investissement à part entière, offrant des avantages fiscaux particulièrement intéressants.
Qu’est-ce qu’un régime de pension agréé?
Un régime de pension agréé (RPA), c’est un compte d’épargne-retraite mis en place par l’employeur et enregistré auprès de l’Agence du revenu du Canada. Les employé·es y versent des cotisations avant impôt, et leur employeur peut faire de même. L’argent y reste investi jusqu’à la retraite, moment où vous pourrez le retirer pour financer ce que vous voulez.
C’est l’employeur qui ouvre le régime auprès d’une institution financière. Il choisit l’établissement, les modalités et la façon dont l’argent est investi. En tant qu’employé·e, vous n’avez pas grand-chose à faire… si ce n’est profiter des rendements.
Les RPA deviennent encore plus intéressants quand l’employeur y contribue aussi. Dans bien des cas, il ajoute un montant à chaque paie. Et parfois, il égalera même votre contribution. Ce qui veut dire que pour chaque dollar que vous investissez, il en met un aussi. Résultat : un rendement de 100 % garanti dès le départ. Difficile de faire mieux.
Les différents types de régimes de pension agréés
Il existe deux grands types de RPA : les régimes à prestations déterminées et les régimes à cotisations déterminées.
Dans un régime à prestations déterminées, c’est le montant de la rente à la retraite qui est établi d’avance, et les cotisations sont ajustées en conséquence.
Dans un régime à cotisations déterminées, employé.e et employeur versent des cotisations, mais le montant de la rente finale dépendra du rendement des placements.
Peu importe le type de régime, des plafonds de cotisation s’appliquent. Le régime peut être contributif, employé.e et employeur y cotisent, ou non contributif, si seul l’employeur y verse de l’argent.
La plupart des RPA sont encadrés par des lois qui en régissent la gestion. Ces règles sont établies par les gouvernements fédéral et provinciaux pour garantir que votre régime sert réellement à financer votre retraite – et non à engraisser des prêteurs douteux.
Le meilleur dans tout ça? Vos cotisations sont déductibles d’impôt. Vous ne payez pas d’impôt sur l’argent que vous versez dans votre RPA, ce qui vous permet d’en mettre plus de côté pour la retraite. Et grâce à la magie des intérêts composés, chaque dollar investi aujourd’hui peut en valoir beaucoup plus demain — et vous laisser avec un compte bien garni quand le moment sera venu d’en profiter.
Et ce n’est pas tout. Les rendements de votre RPA sont à imposition différée, ce qui veut dire que vous ne paierez de l’impôt que lorsque vous retirerez l’argent du régime. Et comme vos revenus seront sans doute plus faibles à la retraite qu’au sommet de votre carrière, vous profiterez fort probablement d’un taux d’imposition plus bas. Moins d’impôt = plus d’argent dans vos poches.
Comment fonctionne un régime de pension agréé
Vous travaillez à temps plein pour une entreprise qui offre un RPA? Parlez-en à votre employeur ou à votre service des ressources humaines pour savoir comment y participer. On vous guidera pour ouvrir un compte auprès de l’institution financière qui gère les RPA de l’entreprise.
Avec un régime à prestations déterminées, vos cotisations et celles de votre employeur sont regroupées dans un fonds de pension commun, qui est investi. Lorsque vous prenez votre retraite, l’employeur est responsable de vous verser la rente prévue, peu importe le rendement du fonds.
Avec un régime à cotisations déterminées, vous aurez un compte à votre nom où seront déposées vos cotisations et celles de l’employeur. Ces fonds sont investis, et leur rendement déterminera le montant dont vous disposerez à la retraite. Dans bien des cas, vous avez votre mot à dire sur les options de placement.
Qui gère un RPA?
C’est l’institution financière choisie par votre employeur qui gère le régime. Elle travaille généralement avec une équipe composée d’administrateurs internes ou externes, de fiduciaires, de gestionnaires de portefeuille et de spécialistes-conseils pour faire rouler le tout.
Que se passe-t-il si vous quittez votre employeur?
Dans la plupart des provinces, la loi prévoit que les participant.es à un régime de pension sont immédiatement acquis. Autrement dit, vous avez droit à l’ensemble des cotisations – les vôtres et celles de votre employeur. Rien ne vous échappe.
Cela dit, ce n’est pas encore le cas partout au Canada. Dans certaines provinces, votre employeur peut exiger que vous travailliez un certain temps (ou que vous participiez au régime pendant une période donnée) avant que ses cotisations vous soient acquises. Si vous partez avant ce délai, vous garderez vos cotisations, mais perdrez celles de l’employeur.
Une fois que vous quittez votre emploi, vous avez plusieurs options pour gérer vos droits accumulés :
Laisser vos avoirs dans le régime existant.
Les transférer dans un autre régime de pension, si votre nouvel employeur le permet.
Les transférer dans un REER ou un autre compte de retraite.
Encaisser la valeur accumulée, si les fonds ne sont pas immobilisés.
Est-ce qu’un RPA comporte des frais?
Oui. Dans un régime à prestations déterminées, les frais de gestion – administration, placements, services actuariels, etc. – sont prélevés directement à même le fonds de pension. Dans un régime à cotisations déterminées, vous pourriez payer des frais pour les mêmes services, mais ils sont généralement intégrés aux frais de gestion globaux du régime. Dans les deux cas, les frais sont habituellement faibles – bien plus bas que ceux de nombreux autres produits d’investissement.
Quelle est la différence entre le RPA et le REER?
Le REER (régime enregistré d’épargne-retraite) est une autre façon populaire d’épargner pour la retraite, mais contrairement au RPA, il n’est pas lié à votre employeur. Vous l’ouvrez vous-même, auprès de l’institution financière de votre choix, à condition qu’elle soit approuvée par l’ARC. Vous (ou votre partenaire) pouvez y cotiser jusqu’à l’année où vous atteignez 71 ans. Après ça, vous devrez convertir le REER en FERR (fonds enregistré de revenu de retraite) pour commencer à effectuer des retraits.
La principale différence entre un RPA et un REER, c’est que le RPA est un régime offert par l’employeur, tandis que le REER est un compte individuel. Le RPA est géré par un fournisseur de services financiers choisi par l’employeur, alors que dans un REER, c’est vous qui choisissez où placer votre argent et comment le faire fructifier. Si vous participez à un RPA, il se peut que vous puissiez y cotiser, et si c’est le cas, votre employeur pourrait même égaler vos cotisations. Le REER collectif (ou REER de groupe) fonctionne un peu comme un RPA : c’est aussi un régime mis en place par l’employeur.
Les RPA et les REER suivent des règles semblables en matière de cotisations et de retraits. Dans les deux cas, l’épargne est alimentée avec de l’argent avant impôt, ce qui aide vos économies à croître plus vite. Quand votre employeur cotise à votre RPA, il le fait avant même que les impôts soient prélevés sur votre paie. Avec un REER, c’est vous qui réclamez une déduction dans votre déclaration de revenus annuelle. Et les rendements? Ils sont aussi à imposition différée. Vous ne payez donc de l’impôt que lorsque vous retirez l’argent. Pas avant.
Les inconvénients du RPA
Le RPA est une excellente option, surtout si votre employeur cotise. Mais il comporte quelques inconvénients. D’abord, vous ne pouvez pas accéder à cet argent avant la retraite. Même en cas d’urgence, les fonds restent bloqués. Ensuite, vous ne choisissez ni l’institution financière, ni la façon dont votre argent est investi : c’est l’employeur qui prend ces décisions. Enfin, il faut généralement être employé.e à temps plein pour y avoir droit.
Le REER, lui, vous donne beaucoup plus de liberté. Vous choisissez votre fournisseur, vos placements, et vous pouvez retirer de l’argent quand vous le souhaitez – en sachant que ces retraits seront imposables. Vos droits de cotisation non utilisés se reportent à l’année suivante, et vous pouvez aussi cotiser au REER de votre partenaire. Évidemment, le REER a aussi ses limites. Les cotisations sont plafonnées selon un pourcentage de votre revenu, et, sauf si vous participez à un REER collectif, vous n’aurez pas droit à une contribution de l’employeur.
Quel régime vous convient le mieux? Ça dépend de votre situation. Bien des Canadien.nes participent aux deux. Si votre employeur est prêt à cotiser à votre RPA, n’hésitez pas – c’est de l’argent gratuit. Et si vous ne travaillez pas à temps plein, un REER (ou un autre compte d’épargne individuel) est une excellente option pour vous constituer un coussin pour la retraite.
Règles de cotisation des régimes de pension agréés (RPA)
Si vous participez à un RPA, votre employeur y versera des cotisations en votre nom. Si vous souhaitez cotiser vous aussi, vous devrez prendre les arrangements nécessaires avec votre employeur pour que le montant soit prélevé directement sur votre paie.
Les cotisations versées à un RPA, qu’elles viennent de vous ou de votre employeur, ne sont pas imposables pour les résidents canadiens. Si vous vivez à l’étranger, vous pourriez toutefois devoir payer des impôts dans votre pays de résidence. Dans ce cas, un petit détour par les autorités fiscales locales pourrait vous éviter des surprises.
Contrairement à la plupart des comptes de placement, les gains générés par les placements faits dans un RPA ne sont pas soumis à l’impôt sur les gains en capital. Tant que l’argent reste dans le régime, il croît à l’abri de l’impôt (une bonne raison de commencer à investir le plus tôt possible).
Le montant que vous pouvez verser dépend du régime offert. Dans un régime à prestations déterminées, c’est le montant de la rente à verser à la retraite qui est fixé. Le niveau des cotisations varie donc en fonction de ce montant cible. Il n’y a pas de plafond annuel de cotisation. Dans un régime à cotisations déterminées, c’est vous qui décidez du montant que vous souhaitez verser. Ces régimes sont soumis aux mêmes plafonds de cotisation annuels que les REER.
Vous trouverez ci-dessous les plafonds annuels applicables aux cotisations dans les régimes à cotisations déterminées, aux prestations des régimes à prestations déterminées, ainsi que les limites de cotisation aux REER et les gains ouvrant droit à pension pour chaque année, selon l’Agence du revenu du Canada.
Année | Plafond annuel – RCD | Plafond annuel – RPD | Plafond REER | Maximum des gains ouvrant droit à pension |
---|---|---|---|---|
2025 | 33 810 $ | 3 756,67 $ | 32 490 $ | 71 300 $ |
2024 | 32 490 $ | 3 610,00 $ | 31 560 $ | 68 500 $ |
2023 | 31 560 $ | 3 506,67 $ | 30 780 $ | 66 600 $ |
2022 | 30 780 $ | 3 420,00 $ | 29 210 $ | 64 900 $ |
Les plafonds de cotisation sont révisés chaque année. Assurez-vous de vérifier ceux en vigueur auprès de l’ARC pour ne pas dépasser la limite permise. Certains logiciels de déclaration de revenus en ligne peuvent aussi vous aider à respecter les limites autorisées.
Règles de retrait d’un régime de pension agréé (RPA)
Les cotisations versées à un RPA sont dites « immobilisées ». Autrement dit, vous ne pouvez pas retirer cet argent avant la retraite.
Cela dit, si vous quittez votre emploi ou que vous n’êtes plus couvert.e par le régime, certaines situations – variables selon votre province – peuvent permettre un retrait anticipé. C’est parfois possible si vous ne résidez plus au Canada, si votre solde est très faible, si vous vivez une situation de grande précarité financière ou si votre espérance de vie est réduite. Le mieux est de vérifier auprès de l’administrateur ou de l’administratrice de votre régime.
Avec un régime à prestations déterminées, les versements ne commencent qu’au moment de la retraite, et vous recevez alors un montant fixe, déterminé à l’avance. Ces retraits sont imposables.
Dans un régime à cotisations déterminées, l’épargne accumulée continue de croître selon le rendement des placements. Les gains ne sont pas imposés tant que l’argent reste dans le régime, mais vous devrez payer de l’impôt sur les retraits effectués à la retraite. Vous pouvez retirer les montants que vous souhaitez, quand vous le voulez – mais plus votre revenu est élevé, plus votre taux d’imposition le sera aussi. Vos retraits seront plus avantageux si vous les planifiez bien.