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Le débat Wealthsimple : nous avons interrogé trois partis sur l’économie, la technologie et l’emploi

Wealthsimple crée des outils puissants pour vous aider à gérer et à faire fructifier votre argent. Informez-vous plus avant

Lorsque Justin Trudeau a déclenché les élections anticipées le mois dernier, il a plongé le monde politique canadien dans le désarroi. Dans le cadre de ces élections, qui ont lieu dans seulement quelques jours, nous avons lancé une invitation aux principaux partis politiques : discutons ensemble et parlez aux lecteurs de notre magazine (et à un million et demi de nos clients) de votre position sur des questions importantes, s'adressant aux personnes voulant créer un avenir riche en possibilités au Canada. Nous avons parlé de sujets tels que l'emploi, la création d'une économie adaptée à tous et, bien sûr, la technologie. Nous avons abordé la question avec un objectif inhabituel en politique : trouver ce que nous avons tous en commun, afin de pouvoir construire cet avenir. Tous les candidats ou partis n'ont pas pu répondre à nos demandes d'entrevue dans les derniers jours frénétiques de l'élection, mais nous sommes heureux que trois des grands partis aient accepté.

Voici une version (condensée et éditée) des conversations du fondateur et PDG de Wealthsimple, Mike Katchen, avec les conservateurs (CPC), les libéraux (LPC) et le Nouveau Parti démocratique (NPD).

Les personnes interrogées

  • Erin O'Toole : Chef du Parti conservateur. Député de Durham, Ontario.

  • Sean Fraser : Libéral. Député de Nova-Centre, en Nouvelle-Écosse, et ancien secrétaire parlementaire du vice-premier ministre et ministre des Finances.

  • Peter Julian : Nouveau Parti démocratique. Leader parlementaire du Nouveau Parti démocratique et député de New Westminster-Burnaby, en Colombie-Britannique.

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Mike Katchen de Wealthsimple : Merci pour votre temps. Je crois que pour nos clients — maintenant plusieurs millions de Canadiens — il s'agit d'une occasion intéressante de vous écouter. Tout d'abord, quelle est la chose la plus importante que vous ayez entendue ces dernières semaines, au cours de la campagne électorale ?

Erin O'Toole (CPC) : Les défis liés au coût de la vie sont ce que j'entends le plus de la part des gens à travers le pays. Il y a une crise du logement dans la région de Vancouver et dans la RGT (région du Grand Toronto) depuis plusieurs années, mais le problème concerne maintenant toutes les régions du pays. L'inflation a des répercussions sur les ménages individuels, en particulier sur les personnes âgées et les familles à faibles revenus, mais elle touche également les restaurants et petites entreprises. Leurs fournisseurs ont augmenté les coûts, et n'ont pas beaucoup de marge de manœuvre alors qu'ils essaient de relancer leurs entreprises, perdues à cause de la pandémie. C'est pourquoi mon équipe a lancé le Plan de rétablissement du Canada, une feuille de route pour aider les gens à retourner au travail et relever certains des défis auxquels tout le pays est confronté. Nous sommes vraiment les seuls à avoir un plan pour attaquer de front cette crise du coût de la vie.

Sean Fraser (LPC) : Il n'est pas étonnant que les gens s'attendent à des plans efficaces de notre part sur la façon de mettre fin à la pandémie, mais aussi sur la manière dont nous allons renforcer certains des services et programmes qui se sont révélés vulnérables au cours de la dernière année et demie. Les gens veulent voir un système de santé publique renforcé. Ils veulent s'assurer que nous faisons davantage pour lutter contre les changements climatiques et que nous facilitons la vie des familles, en la rendant plus abordable.

Peter Julian (NPD) : La crise climatique a durement touché la Colombie-Britannique. Nous avons perdu plus de 700 personnes dans le dôme de chaleur cet été, et les feux de forêt continuent à travers la province. Nous avons également une crise du coût de la vie, accentuée par la COVID. Les gens ont du mal à joindre les deux bouts, les prix des logements ont explosé et les frais exorbitants sont monnaie courante. Prenons l'exemple des forfaits de téléphonie cellulaire et de données : le Canada n'a aucune réglementation et, par conséquent, les Canadiens paient des tarifs parmi les plus élevés au monde. Les frais bancaires et de carte de crédit sont tout aussi élevés, tout comme celui des médicaments. Dix millions de Canadiens ont des difficultés à payer les médicaments prescrits par leur médecin, c'est pourquoi le NPD a proposé un régime universel d'assurance-médicaments. L'inégalité croissante et la crise du coût de la vie sont pour nous l'un des principaux problèmes du pays.

Chez Wealthsimple, notre mission est d'aider les Canadiens à atteindre une liberté financière grâce aux placements financiers. Seules quelques banques puissantes dominent les services financiers des Canadiens, ce qui est à notre avis, l'un des principaux obstacles à cet égard. J'aimerais savoir ce que vous pensez des possibilités qui s'offrent à nous pour bousculer le secteur des services financiers, au profit des Canadiens.

O'Toole (CPC) : Les services bancaires ouverts [dans lesquels les données financières des clients peuvent être partagées en toute sécurité avec les entreprises de technologie financière] sont un engagement très important pour nous, c'est pourquoi j'ai été le premier candidat à les soutenir lors de cette élection. Je veux m'assurer que les gens sont propriétaires de leur empreinte financière, en ce qui concerne l'information sur leurs services bancaires et que la technologie peut les aider à épargner, planifier et placer leur argent. Cela correspond très bien au type d'innovation que Wealthsimple a apporté en tant que leader dans ce domaine.

Nous souhaitons voir davantage de concurrence dans le secteur des services financiers, ainsi que de nombreux autres domaines, afin de réduire la hausse des coûts. Nous sommes ouverts aux investissements étrangers dans le secteur de la téléphonie mobile par exemple. Si la concurrence peut entraîner une baisse des prix et créer davantage d'options pour les consommateurs, c'est une victoire, quel que soit le secteur. Nous avons également interpellé les grandes épiceries pour des raisons similaires. Nous voulons utiliser le droit de la concurrence, que j'ai appliqué dans le secteur privé, pour freiner les monopoles. Des services financiers à l'épicerie en passant par l'Internet et le service cellulaire, nous voulons voir plus de concurrence et des prix plus bas. Si j'ai la chance de gagner la confiance des Canadiens et de devenir premier ministre, je veux poursuivre ces dialogues avec vos clients et votre équipe de direction. Nous devons nous associer à ceux qui prennent des risques, aux entrepreneurs, à ceux qui créent des possibilités et de la richesse dans le pays, tout en apprenant d'eux.

Fraser (LPC) : Je ne pense pas que nous ayons assez de temps pour couvrir toutes mes pensées sur cette question. [L'ouverture des services bancaires] est une opportunité tellement excitante pour l'économie canadienne, pour les entreprises de l'espace de la technologie financière, mais surtout, pour les Canadiens aux options limitées en ce qui concerne le type de services bancaires qu'ils peuvent faire et la protection de leurs finances personnelles. Je pense que la table est mise pour une croissance explosive dans ce secteur. Alors que nous nous dirigeons vers des services bancaires ouverts, je ne pense pas que l'on ait saisi l'existence d'une plus grande possibilité [pour les nouvelles technologies] de protéger la sécurité financière des Canadiens, d'éviter les sites Web de récupération de données et d'éviter certaines incertitudes ; vous pouvez en fait choisir de partager les informations que vous voulez partager avec vos fournisseurs de services. [Cela] va donner plus de pouvoir aux utilisateurs. En donnant accès à différentes plateformes, nous pouvons créer une occasion de concurrence.

Julian (NPD) : Au début de la pandémie, les grandes banques ont reçu un montant sans précédent de 750 milliards de dollars - milliard, pas million - en liquidités, sans aucune condition. Elles n'ont pas eu à réduire les frais de carte de crédit ou les marges de crédit. Elles n'ont pas vraiment eu à faire quoi que ce soit; l'argent leur a été donné. Ainsi, pendant que les grandes banques engrangeaient des bénéfices records, mes électeurs faisaient face à des frais élevés, sans aucun recours. En même temps, les grandes banques refusent de travailler avec tout un éventail de personnes, notamment les Canadiens à faible revenu, ce qui les oblige, dans bien des cas, à se tourner vers des prêteurs prédateurs, qui facturent des intérêts annuels de 500 % ou 600 %. Je n'arrive pas à croire que l'on puisse légalement faire cela au Canada, mais c'est le cas actuellement. Notre système bancaire doit être revu et nous devons créer davantage de concurrence dans ce secteur pour faire baisser les prix. C'est pourquoi les services bancaires ouverts sont si importants. Nous devons offrir aux consommateurs un moyen de se protéger, protéger leurs renseignements, et de ne pas se faire escroquer par les grandes banques.

Au printemps dernier, Wealthsimple a levé 750 millions de dollars de capitaux, ce qui, à notre connaissance, est le plus gros investissement privé dans le domaine de la technologie de l'histoire du Canada. Que peut faire le pays pour attirer davantage de capitaux afin de faire croître l'économie et de stimuler le développement ?

O'Toole (CPC) : Nous avons observé avec beaucoup d'intérêt le succès de Wealthsimple et d'un certain nombre de jeunes entreprises qui ont réussi à lever des capitaux. Nous voulons encourager davantage d'entreprises à se développer et à rester au Canada pour développer leur PI et leur innovation. L'une des façons d'y parvenir est d'adopter une approche de type Patent Box, en mettant en place un traitement fiscal avantageux pour la propriété intellectuelle développée et exploitée ici. Nous allons mettre en place des actions accréditives [un incitatif financier fondé sur l'impôt] qui permettraient à de nombreux capitaux privés de sortir de leur réserve ici au Canada et de les utiliser pour des mises à l'échelle et des innovations vertes. Nous ne voulons pas que le gouvernement choisisse les gagnants et les perdants, comme il le fait actuellement avec les Programmes de soutien aux Supergrappes. Nous voulons que le gouvernement joue un rôle dans le soutien de la R&D et qu'il s'assure que le processus RS&DE [le Programme d'encouragements fiscaux pour la Recherche scientifique et le développement expérimental] n'est pas entièrement absorbé par les consultants et le transfert de l'argent de la R&D ailleurs. D'autre part, j'entends régulièrement, y compris de la part des entrepreneurs, qu'il est plus facile de vendre dans les cycles de marchés publics en Europe et aux États-Unis que dans leur propre pays. Nous voulons donc également mettre à jour les politiques d'approvisionnement.

Fraser (LPC) : C'est une grande question. Je vais limiter — pour gagner du temps — mon commentaire au secteur de la technologie. Premièrement, nous devons fournir un cadre réglementaire qui donnera envie aux gens de considérer le Canada comme une destination de choix lorsqu'ils cherchent où investir. La deuxième chose que nous devons faire est de mettre en place des incitations financières pour les entreprises qui vont faire ces investissements. Enfin, si je peux ajouter une troisième partie, nous devons offrir aux entreprises une main-d'œuvre qualifiée qui leur permettra de se développer lorsqu'elles atteindront le point où leur développement croîtra rapidement. [En d'autres termes] elles auront besoin de personnes qualifiées pour transformer leur potentiel en croissance réelle. Nous essayons fortement de créer des incitations pour que les gens retournent à l'école pour obtenir un diplôme, afin de nous assurer qu'ils ont accès aux compétences dont ils ont besoin pour participer à l'économie du 21e siècle. Pour tout vous dire, nous y travaillons depuis 2015.

Julian (NPD) : Je pense que l'un des plus grands moteurs de croissance serait un gouvernement fédéral qui est prêt à réinvestir pour les Canadiens. Les conservateurs et les libéraux ont tendance à travailler dans le cadre d'un système fiscal. D'après eux, si vous réduisez l'impôt sur les sociétés ou si vous permettez plus d'économies d'impôt à l'étranger, cela contribuera d'une certaine façon à plus d'investissements. Or, ce n'est pas le cas pour des investissements durables, que nous voulons voir au Canada. Ce sont souvent les investissements publics qui font une telle différence. Prenez les soins de santé universels : ce sont des investissements publics, mais la réalité est qu'ils donnent à Wealthsimple et à toute autre entreprise canadienne un avantage concurrentiel de 3 000 $ par employé par rapport à un concurrent américain en matière d'embauche. En effet, les entreprises canadiennes n'ont pas à supporter les coûts des soins de santé, comme c'est le cas aux États-Unis. Il en va de même pour l'assurance-médicaments. Ce type d'investissements publics est l'une des raisons pour lesquelles le NPD parle d'ouvrir les portes de l'éducation postsecondaire au collège, à l'université et dans les écoles de métiers, en offrant un prêt-subvention de 20 000 $, en doublant le système de subventions en place et en éliminant le profit que le gouvernement fédéral tire des prêts étudiants. Nous croyons que lorsqu'il y a des investissements publics importants dans les bons secteurs, on attire les investissements privés, qui sont si importants, et on construit une économie pour tous.

Un dernier point que j'aimerais aborder : nous faisons pression pour un revenu minimum garanti et viable pour les personnes âgées et les personnes handicapées [dont un nombre disproportionné vit dans la pauvreté]. Faire passer ces personnes au-dessus du seuil de pauvreté renforcera les économies locales, améliorera la qualité de vie de tous les membres de la communauté et profitera aux entreprises de tout le pays.

Nous pensons que l'accès à l'éducation est un autre ingrédient, après l'innovation, pour soutenir l'économie future du Canada. C'est pourquoi nous avons lancé la Fondation Wealthsimple, afin d'aider chaque Canadien à accéder au Bon d'études canadien, une subvention de 2 000 $ par enfant que le gouvernement ajoutera aux REEE, indépendamment des cotisations personnelles. Comment votre gouvernement pourrait-il améliorer l'accès aux possibilités d'éducation pour la prochaine génération ?

O'Toole (CPC) : En tant que personne qui a bénéficié du soutien d'enseignants et d'une excellente éducation, je crois fermement à l'élargissement de l'accès à l'éducation. À cette fin, nous voulons devenir un partenaire fiable des provinces, puisque l'éducation est un domaine relevant davantage des provinces. En ce qui concerne nos politiques, nous voulons assurer l'accès aux prêts étudiants et l'étendre aux métiers spécialisés et à d'autres domaines. Ce sera une priorité, tout comme le fait de donner à la prochaine génération la possibilité d'accéder au marché immobilier, de travailler et d'avoir des opportunités ici au Canada. Mais, je vous le dis, si vos clients retiennent quelque chose de cette entrevue, c'est que les déficits galopants du Canada constituent un obstacle à cette prospérité. Le pays dépense 424 millions de dollars par jour de plus que ce qu'il gagne. Et cela va peser sur les épaules de vos clients. Nous devons rétablir l'équilibre fiscal tout en aidant les gens à traverser les prochaines années. C'est l'objectif du Plan de rétablissement du Canada. Nous voulons que la prochaine génération ait le même accès au marché immobilier, à des emplois solides et à des salaires en hausse, peu importe où elle vit au pays.

Fraser (LPC) : L'une des choses qui me rendent fou est le manque de compréhension parmi l'ensemble des Canadiens, sur des idées nouvelles d'entreprises, qui pourraient être enfermées dans l'esprit d'un enfant qui n'a pas les moyens financiers d'aller à l'école. Ces étudiants sont généralement issus de communautés sous-représentées et marginalisés qui vivent de façon disproportionnée dans la pauvreté et qui n'ont pas de modèle dans leur vie, ayant fait des études universitaires. Lorsque nous ne donnons aucune chance aux personnes issues de milieux à faibles revenus de bénéficier d'une éducation de premier ordre, ce n'est pas seulement cet enfant qui en pâtit au cours de sa vie, mais chacun d'entre nous. Nous passons peut-être à côté du remède contre le cancer ou de la prochaine solution technologique innovante. En veillant à ce que chacun puisse accéder à l'éducation, nous jetons de l'huile sur le feu d'une économie prête à s'embraser.

[L'un des plus grands changements] que je peux souligner à cet égard est que nous avons doublé la Bourse canadienne pour les étudiants. Il s'agit d'une subvention non remboursable destinée aux personnes issues de milieux à faible revenu qui réduit immédiatement leurs frais de scolarité. Nous en sommes maintenant au point où elle couvre environ 90 % des frais de scolarité moyens au Canada pour les étudiants bénéficiant du programme. Nous avons également apporté des changements au programme de prêts aux étudiants. Et, à l'avenir, certains des programmes dont nous parlons consistent à éliminer de façon permanente les intérêts sur les prêts étudiants. Cela permettrait à environ un million de jeunes Canadiens d'économiser environ 3 000 $. En ce qui concerne le coût des études collégiales ou universitaires, nous annonçons dès maintenant que les étudiants n'auront pas à rembourser leurs prêts étudiants avant d'avoir gagné au moins 50 000 $ par année. Cela permettra à un plus grand nombre de jeunes qui sortent du collège ou de l'université de dire : « Vous savez quoi ? Je vais explorer la possibilité de faire un stage dans l'industrie dans laquelle je veux vraiment travailler, plutôt que d'accepter le premier emploi disponible. » Je suis convaincu que certains des changements que j'ai exposés vont faire une grande différence pour l'industrie dans laquelle vous travaillez.

Malheureusement, le temps n'a pas permis à Peter Julian de répondre à cette question. Cliquez ici pour en savoir plus sur le programme du NPD en matière d'éducation.

Les entretiens ont été édités dans un souci de clarté et de concision.

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"Jusqu’à l’âge de 44 ans, je n’ai jamais eu de compte d’épargne. Je ne m’en vante pas, c’est la triste réalité. J’étais toujours dans le rouge. Je devais toujours de l’argent à quelqu’un. J’étais aussi égoïste et totalement irresponsable."

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